Dans cette série d’articles, je vous propose d’en savoir plus sur cette discipline artistique. Toutes les questions que vous vous posez seront abordées au mieux, pour vous permettre d’entrer dans le cours de danse avec confiance et intérêt.

Connue et reconnue par toutes et tous, la danse classique fait partie intégrante du paysage culturel français et international, tant à l'opéra bien sûr, mais également au cinéma, sur scène, et dans les écoles de danse. Mais au fait, d’où vient la danse classique en France ?
La danse classique, une amorce royale
Lorsque Catherine de Médicis épouse l’héritier du trône de France Henri II au XVIème siècle, elle apporte son enthousiasme pour la danse et l’amène à la Cour. Par la suite, Louis XIV va en devenir un magnifique ambassadeur grâce à ses qualités de danseur, notamment dans le Ballet de la nuit en 1653 qui marquera le début de son règne du Roi Soleil. Il créera l’Académie royale de danse en 1661 qui deviendra la célèbre Ecole de danse de l’Opéra de Paris.
Par la suite, on verra apparaître la comédie-ballet qu’on pourra retrouver dans certaines pièces de Molière : Le Bourgeois gentilhomme en 1670 ou Le Malade imaginaire en 1673. On y retrouve du théâtre et des intermèdes dansés plutôt caricaturaux.
La tragi-comédie va également entrer en scène avec notamment Don Juan de Molière en 1665 ; on est dans un style plus sérieux.
Avec Atys en 1676 de Lully, on bascule dans la tragédie-ballet ; il n’y a pas de dénouement heureux.
Une évolution de la danse classique au fil des siècles et des courants de pensée
Lors du siècle des Lumières, la danse va être critiquée : on lui demande plus de fond et moins de forme.
Jean-Georges Noverre (1727-1810) estime que le ballet doit peindre une action dramatique sans s’égarer dans les divertissements. La passion, les mœurs et les usages des hommes doivent être mis en scène.
En 1789, le ballet La Fille mal-gardée est créée par Jean Dauberval. Ballet-pantomime très connu qui marquera les prémices du ballet romantique. Ce ballet est encore joué aujourd’hui.
Dès 1815, on cherche l’expression violente des sentiments, la tristesse, l’amour impossible tendant à la mort… on parle de la topique romantique avec « la nuit » qui représente le monde irréel - l’obscur, la mort - le « rêve » ou tout devient possible, et « l’amour » qui sera obligatoirement funeste.
C’est le règne de la danseuse pâle et éthérée, incarnant la nostalgie et le spleen, habillée de mousseline vaporeuse et couronnée de fleurs des champs. Le danseur est quant à lui, porteur. Il met en valeur la danseuse.
Il est à noter que Mlle de Gosselin va être la première danseuse en 1813 à esquisser des passages sur pointes. La ballerine devient surnaturelle.
A voir :
> La Sylphide de Filippo Taglioni, 1832, musique de Jean Schneitzhoeffer
> Giselle composé par Adolphe Adam 1841
>Coppélia d’Arthur Saint Léon et Charles Nuitter, 1870, musique de Leo Delibes
Le ballet académique structure la danse classique
A partir de 1880, le ballet romantique va décliner, on va alors entrer dans l’ère du ballet académique qui va naître sous l’égide de Marius Petipa (1818-1910). Danseur, maître de ballet et chorégraphe français, il va pousser la technique des danseurs. Il va notamment remonter les ballets romantiques en rehaussant le niveau technique.
On retrouvera dans le ballet académique un mélange de danse folklorique et de danse classique, une alternance entre danses des étoiles et danses d’ensemble dans un style géométrique. Il va fixer le déroulement du « pas de deux » : adage, variation masculine, variation féminine puis la coda.
Marius Petipa va collaborer avec Piotr Ilitch Tchaïkovski pour donner naissance à trois grandes œuvres :
> La Belle au bois dormant en 1890
> Casse-noisette en 1892
> Le Lac des cygnes en 1895
Il y aura alors une osmose totale entre la musique et la chorégraphie.
Le ballet académique demande la plus haute prouesse technique de la danse classique. Les ballets entrent dans le répertoire des plus grandes compagnies de danse.
La Grande Guerre bouleverse les vies et la danse
A la veille de la première guerre mondiale, une explosion de rythmes et de couleurs va venir secouer le ballet classique qui est devenu terne à force de classicisme. Serge Diaghilev, créateur et entrepreneur passionné d’art s’enquière de conquérir le public parisien grâce au foisonnement artistique russe. Son talent va être de relier les arts pour créer des œuvres complètes et complexes. La danse classique va alors être chamboulée dans ses codes. Michel Fokine va amener le mouvement expressif : exit les cinq positions, les bras en couronne, place à l’expressionnisme.
Les ballets russes vont faire naitre de grands danseurs et chorégraphes qui vont marquer l’évolution du ballet classique. Vaslav Nijinsky avec L’Après-midi d’un Faune en 1912, George Balanchine qui, fort de son expérience de danseur et chorégraphe, s’installera aux Etats Unis pour créer une école du ballet. Celui-ci reviendra finalement aux codes de la danse classique avec un style caractérisé par un en-dehors poussé à l’extrême, des mouvements dynamiques, précis, vigoureux, des combinaisons de pas complexes voire acrobatiques, une rapidité d'exécution. Il prône une beauté formelle tendant vers l'épurement, une virtuosité technique transcendée par la maîtrise des interprètes, et il accorde la prééminence à la danseuse.
Le XXème siècle va voir l’émergence d’autres styles de danse (moderne, contemporaine, jazz…), mais la danse classique reste une base solide pour les nouveaux chorégraphes qui vont se servir de la base pour amener de nouvelles prouesses notamment sur pointes. On garde nos éléments de langage pour construire un nouveau fond. On bascule alors dans la danse néo-classique qui sera mise en exergue grâce à de nouveaux grands danseurs comme Sylvie Guillem.
Au XXIème siècle, tous les types et tous les styles de danses se retrouvent sur scène et dans les écoles de danse, ce qui fait le charme et la richesse de notre époque contemporaine !
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